L’Ardennais Roux, une race locale réputée depuis plusieurs siècles
Quelques articles présentant les principales caractéristiques de l’Ardennais Roux ont déjà paru dans la « Filière Ovine ». Cette race connaît un engouement remarquable.
Bien que classée dans les races qualifiées de menacées, elle est actuellement la première en importance au sein de l’AWEOC et ce, aussi bien au point de vue nombre de bêtes inscrites au livre généalogique qu’à celui du nombre d’éleveurs en détenant.
Outre la prime non négligeable de 30 € par mouton et par an offerte par la Région Wallonne à l’éleveur professionnel s’en servant surtout pour la gestion d’espaces naturels, sa rusticité et sa facilité d’élevage en font un mouton privilégié par l’amateur qui ne néglige pas non plus son aspect esthétique.
Rien qu’en Wallonie, 123 éleveurs cotisants en détiennent environ 3.600 en pure race.Le voici présenté sous un aspect parfois méconnu.
Par excellence, ce « mouton Ardennais » fait partie intégrante de notre patrimoine vivant.
Un grand nombre de peintures et de textes fort anciens en sont les preuves irréfutables.C’est probablement sur les tableaux du peintre belge Eugène-Joseph Verboeckhoven que nous le retrouvons le plus souvent.
Ce peintre animalier vécut de 1799 à 1881 (ce n’était donc pas hier) et le représentait à cette époque comme nous pouvons encore le voir aujourd’hui.
Des éleveurs « sélectionneurs » tentent cependant de le rendre un peu plus commercialisable au point de vue « quantité » tout en conservant toutes ses « qualités » qui sont principalement sa facilité d’élevage et la finesse de sa viande.De même, au cours des siècles, la « littérature » ancienne vantait déjà à l’étranger la qualité exceptionnelle de la viande de notre mouton ardennais.À ce sujet, Staf Van den Bergh, secrétaire du SLE (Steunpunt Levend Erfgoed), responsable du groupe de travail ovin au sein de cette association et lui-même éleveur d’ « Ardense Voskop », a fait un travail de bénédictin pour réunir une quantité invraisemblable de textes anciens.
Grâce à ses recherches, je vous livre ce qu’en disait au 18ième siècle Dom Nicolas Spirlet (dernier seigneur-abbé de Saint Hubert).
Le roy de France aime extrêmement le mouton d’Ardenne (lettre du 11/09/1765)
Le mouton fait la richesse de l’Ardenne (lettre du 14/06/1777)
Mon cher Prieur, quand j’ai dit qu’on concerveroit le troupeau de Gemelle, ce n’est pas pour faire passer ici à Versailles les moutons en vie, mais pour les faire tuer à Bouillon et les envoier ici par la poste de Sedan pour le Service de la famille Roiale. Vous le direz à Dom Chrysostome d’en envoier 25 des meilleurs, en vie bien entendu, à Dom Basile à Bouillon qui recevra mes instructions pour les faire passer ici. Il enverra la même quantité à chaque quinzaine. Il peut compter qu’ils lui seront bien payés. Mais il faut avoir l’intention de lui envoier les meilleurs. Le Roy aime extrêmement le mouton d’Ardenne et si ceux que nous enverrons sont goutés, cela peut faire grand bien. (lettre du 16/09/1765)
Et qu’ajouter de plus pour mettre en évidence la finesse de la viande que ce qu’en disait Julien Deby en 1848 dans son livre « Histoire Naturelle de la Belgique » :
Nous indiquerons les races qui nous semblent avoir le plus de chances pour s’étendre et se propager en Belgique.
Il y a d’abord nos excellents moutons des Ardennes, dont les restaurateurs de Paris vendent souvent la chair pour du chevreuil…
Jacques Delnoÿ
Texte présent sur le site: http://apeolg.skynetblogs.be/ardennais-roux/